L'institut Pasteur de Nha Trang: un haut lieu de la recherche médicale et vétérinaire
Vers 1900: Les premiers bâtiments de l’Institut Pasteur fondé en 1895. On reconnaît à droite la maison du Dr Yersin, et de droite à gauche le château d’eau, la maison des vétérinaires, puis les paillottes du personnel de laboratoire. Vue prise du côté estuaire. Quelques années plus tard, à la suite d’un violent typhon, les bâtiments de l’Institut proprement dit, ont été reconstruits à env. 700m et plus en retrait du bord de mer (emplacement actuel).
Suoi Giao
Pour fabriquer sérums et vaccins Yersin constitue un troupeau de vaches, bœufs, buffles, chevaux, moutons et chèvres qu’il installe à Suoi Giao à une vingtaine de kilomètres de Nhatrang. Le cheptel bovin à lui seul finira par compter plus de 400 têtes. Yersin a l’idée d’importer de Suisse des clochettes et peu de temps après il conclut : « Depuis que nos vaches ont des cloches, le tigre les enlève beaucoup moins et semble maintenant rechercher plutôt nos chevaux ».
Non seulement il faut nourrir tous ces animaux, mais il faut aussi songer à d’autres rentrées financières pour assurer le fonctionnement des services du laboratoire. En 1896 Yersin obtient du gouvernement une première concession de 500 hectares qu’il s’agit de défricher et de mettre en culture. Du coup Yersin est devenu colon, éleveur et planteur, et les deux années passées à Hanoi pour créer une Ecole de médecine n’y changeront rien.
Il introduira ainsi en 1898 l’arbre à caoutchouc Hevea brasiliensis en Indochine, livrera en 1904 sa première récolte de latex à Michelin et exploitera à la veille de la première guerre mondiale plus de 300 hectares de cette espèce tropicale. Détail de taille : Le 29 avril 1892, lors de sa première exploration, Yersin avait noté dans son carnet de voyage : « En me promenant dans la forêt je vois un grand nombre d’arbrisseaux à caoutchouc. Ils sont trop petits pour qu’on puisse en tirer parti ».
Pasteur n’avait-il pas dit que la chance ne sourit qu’aux esprits préparés ?
Hon Ba
Une aquarelle d’époque nous place dans le décor de la création de la station d’altitude du Hon Ba par Yersin en 1917.
La station du Hon Ba doit servir à l’élevage et à la production des animaux et des plantes qui ne supportent pas le climat de la plaine : Yersin y introduit l’arbre à quinquina pour la production de quinine contre le paludisme ou malaria, mais aussi arbres fruitiers et légumes d’Europe, fleurs des Alpes et taureaux bretons. Au sujet des fleurs des Alpes Yersin sera régulièrement en contact avec Henri Correvon.
En 1921 le Hon Ba servit aussi à l’installation de la TSF et c’est de là que Yersin captera radio Bordeaux pendant la nuit et sera une des personnes les mieux informées en Indochine, sur la politique et les évènements dans le monde.
Panorama créé par J.-H. Penseyres avec des photos non-corélées des Archives de l'IPP (auteur: A. Yersin)
Yersin écrit: «Du seuil de ma maison de Suoi-Giao j’avais remarqué dans le massif montagneux un sommet relativement élevé et qui dominait nettement les cimes et les crêtes voisines; il ne paraissait pas très éloigné et faisait manifestement partie du pâté montagneux; il s’agissait de le rechercher et si possible d’y accéder».
Yersin fait donc construire à partir de la concession de SuoiGiao une route d’une quarantaine de kilomètres pour pouvoir y accéder. Le dernier tronçon en lacets serrés rappelle étrangement le tracé de nos routes alpines.
9 avril 2010. Vue sur la route ouverte par Yersin dans les années 1914-1917, dont seuls 5 km sur 30 (à partir de Suoi Giao) étaient carossables, le reste étant alors encore un sentier de 2 mètres de large. Selon Yersin il fallait une demi-journée pour se déplacer de Suoi Giao au Hon Ba.
Le chalet du Hon Ba n’avait pas survécu. Sur la base de photographies existantes il a été reconstruit sur ses fondations d’origine. Cet endroit perdu dans la jungle de la cordillère annamitique à presque 60 km de Nha Trang.
Nous y sommes montés deux fois en vélomoteur depuis Nha Trang précisément. C’est un endroit extraordinaire du point de vue de la nature et de la vue (quand il n’y a pas de brouillard). Le climat y est beaucoup plus frais qu’en plaine.
Nicolas Vidal, aventurier authentique, écrit : « La guerre n’épargna pas le Hon Ba …le 14 juillet 1994, nous continuons d’explorer le plateau …à la recherche d’autres vestiges de l’époque du Dr Yersin. Sur la crête sud nous découvrons des gentianes sauvages ».
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